Virus respiratoire syncytial
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est un virus très contagieux qui infecte les voies respiratoires. Bien qu’il se manifeste souvent par des symptômes similaires à ceux de la grippe, ses conséquences peuvent être graves, en particulier pour les nourrissons.
Jusqu’à récemment, seuls les nourrissons à haut risque répondant à des critères précis pouvaient recevoir le vaccin contre le VRS - Synagis® (palivizumab). Ce vaccin était coûteux, entre 5 000 et 9 000 dollars par nourrisson et par an, et les bébés devaient recevoir de multiples injections (doses mensuelles de novembre à avril). L’accessibilité était également un problème, en particulier dans le nord de l’Ontario et dans les collectivités racialisées où le fardeau du VRS est plus lourd.
Amélioration de l’accès à la vaccination et à la prophylaxie contre le VRS en Ontario
Le ministère de la Santé a élargi le programme de prévention du VRS pour la saison 2024-25 afin d’inclure TOUS les nourrissons (et les enfants à haut risque jusqu’à l’âge de 24 mois). Cet élargissement comprend également le remplacement de l’ancien anticorps monoclonal, Synagis® (palivizumab), par un nouvel anticorps monoclonal, Beyfortus® (nirsevimab). Contrairement au Synagis, il n’est pas nécessaire de procéder à de multiples injections pour le Beyforus.
En outre, le ministère de la Santé a mis le vaccin contre le VRS, Abrysvo®, à la disposition des résidentes de l’Ontario enceintes entre la 32e et la 36e semaine d’âge gestationnel qui accoucheront vers le début de la saison du VRS ou pendant celle-ci. Lorsqu’il est administré pendant la grossesse, le vaccin contre le VRS protège les nourrissons de la naissance à l’âge de six mois.
Incidence du programme de prévention du VRS
Selon les modèles de Santé Ontario, si 90 % des nourrissons nés « pendant la saison » (octobre 2024 - mars 2025) et 60 % des nourrissons nés « hors saison » (avril 2024 - septembre 2024) reçoivent le Beyfortus®, nous pourrions observer des effets incroyables sur l’ensemble du système :
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réduction de 83 % des hospitalisations
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réduction de 76 % des admissions aux unités de soins intensifs pédiatriques (USIP)
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réduction de 37 % de la durée du séjour
Cela se traduit par une réduction de 600 jours-lits dans les USIP et élimine la nécessité de milliers d’épisodes de soins médicaux pour les nourrissons souffrant du VRS cette saison.
Ces prévisions ne sont valables que si le taux d’adoption est élevé. Le système d’information BORN permet de suivre l’évolution de la demande dans le monde réel, ce qui est essentiel.
Rôle de BORN dans la surveillance du VRS
De nouveaux éléments de données liés à la protection contre le VRS (résumés ci-dessous) ont été intégrés au système d’information BORN le 31 octobre 2024 :
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administration du vaccin prénatal (AbrysvoMC) et date
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administration de l’anticorps monoclonal injecté aux nourrissons (Beyfortus®) et date
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raison pour laquelle aucun anticorps n’a été administré au nourrisson
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critères de risque élevé
Avantages du système
La collecte dans le SIB des nouvelles données relatives à la protection du nourrisson contre le VRS à la naissance (ou pendant la grossesse) présentera plusieurs avantages :
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Rapports : Les nouveaux rapports sur le VRS disponibles dans le SIB aideront les hôpitaux de naissance et les groupes de sages-femmes à surveiller la mise en œuvre de cette nouvelle norme de soins et les résultats associés.
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Amélioration de la qualité : La disponibilité des données sur le VRS permettra aux organisations d’identifier les domaines de réussite et les possibilités d’amélioration des programmes locaux, régionaux et provinciaux.
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Surveillance provinciale : Les données de BORN sur le VRS alimenteront la surveillance provinciale de l’adoption et de la couverture à l’usage du ministère de la Santé, de l’Institute for Clinical Evaluative Sciences, de Santé publique Ontario, du Conseil provincial pour la santé de la mère et de l’enfant, des réseaux régionaux pour la santé de la mère et de l’enfant, et d’autres organismes.
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Centralisation de l’information : La centralisation des renseignements relatifs à la protection des nourrissons contre le VRS dans le registre permettra à l’avenir de partager l’état de protection d’un nouveau-né contre le VRS avec les cliniciens du cercle de soins afin d’améliorer la couverture et les possibilités de protection.
Le VRS pose un risque important pour la santé. L’histoire de Yemi ci-dessous donne un aperçu de la triste expérience d’une famille avec ce virus. Toutefois, la disponibilité de nouveaux produits de protection et l’amélioration de la collecte et de la surveillance des données représentent un progrès marqué vers l’objectif visant à s’assurer que tous les nourrissons en Ontario reçoivent la protection dont ils ont besoin.
L’histoire de Yemi
« J’aime le regarder vivre »
Pour Mila Olumogba, quelque chose d’aussi ordinaire que de regarder son fils de 22 mois, Adeyemi (Yemi), remplir un seau de sable à la plage la remplit de gratitude : « J’aime le regarder vivre ».La vie prend un nouveau sens lorsque vous avez cru qu’elle s’échappait. Yemi n’avait que 10 semaines lorsqu’il a contracté le virus respiratoire syncytial (VRS) et a failli mourir.
« Vous allez être ici pour un bon moment... »
En décembre 2022, Mila et ses filles ont contracté le VRS. Mila, fatiguée et fiévreuse, se souvient de cette maladie comme de l’une des pires qu’elle ait jamais eues. Son mari et Yemi, qui est né avec une malformation cardiaque, n’ont d’abord pas semblé affectés. Mais lorsque Yemi commença à tousser et qu’il eut du mal à se nourrir au sein, Mila l’emmena au CHEO où il passa des tests pour la grippe, le COVID et le VRS. On le renvoya chez lui avec du Tamiflu, un antiviral, mais ses symptômes s’aggravèrent. Quelques jours plus tard, Mila est retournée au CHEO, où l’on a diagnostiqué un VRS chez Yemi et on lui a administré de l’oxygène à haut débit. Un pédiatre l’a prévenue : « Vous allez être ici pendant un certain temps », mais Mila pensait que ce ne serait peut-être que quelques jours.
L’état de Yemi s’est détérioré, et il a été transféré à l’USIP. Son cas n’est pas unique : 49 % des nourrissons de moins de six mois hospitalisés avec un VRS se retrouvent aux soins intensifs. Les hospitalisations associées au VRS sont plus fréquentes au cours des trois à six premiers mois de vie. Les nourrissons qui, comme Yemi, présentent des facteurs de risque tels que des problèmes cardiaques sont particulièrement vulnérables. Cependant, 80 % des enfants hospitalisés avec un VRS n’ont aucun facteur de risque sous-jacent.
« Attachez votre ceinture »
Les médecins ont prévenu Mila et son mari de se préparer à un parcours difficile. « Les médecins nous ont dit “d’attacher notre ceinture.”.Ils ont dit que les choses allaient être difficiles pendant un certain temps - le VRS s’aggrave avant de s’améliorer ». Quelques jours plus tard, Mila était en train de préparer le souper de ses deux filles lorsqu’elle a reçu un appel : Yemi avait de la difficulté à respirer et avait besoin d’une intubation immédiate. Arrivée en urgence à l’hôpital, elle fut soulagée de savoir que l’intervention s’était bien déroulée, mais le fait de voir Yemi sous respirateur fut dévastateur. Elle et son mari ont sangloté en voyant leur petit garçon de 10 semaines branché à un respirateur.
Plus tard, alors qu’elle mangeait à la cafétéria de l’hôpital, Mila a entendu une annonce qu’elle n’oubliera jamais : « Code bleu - tout le personnel en salle de soins intensifs 9 ». Yemi était en arrêt cardiaque. Mila et son mari ont été conduits dans une salle où ils ont attendu dans un silence angoissant : « Nous sommes restés assis là à attendre que quelqu’un vienne nous dire si notre fils était vivant ou mort ».Finalement, les médecins leur ont annoncé la nouvelle qu’ils espéraient : Yemi avait été réanimé.
« Le commencement de l’enfer »
L’adversité ne s’est pas arrêtée avec l’arrêt cardiaque de Yemi. En fait, Mila dit que ce fut le début de l’enfer pour le mois suivant. Yemi a passé 19 jours au CHEO, dont 12 jours sur un ventilateur. Après son congé de l’hôpital, il a dû faire face à des semaines de sevrage douloureux des opioïdes, laissant Mila aux prises avec un horaire de médication intense. « Il ne mangeait pas, il était colérique, il pleurait tout le temps », se souvient-elle. Elle se souvient de la pression et de l’anxiété intenses liées à l’administration correcte des médicaments et à l’utilisation de feuilles de calcul et d’alarmes sur son téléphone pour lui indiquer quel médicament administrer et à quel moment.
Gratitude en action
Aujourd’hui, Yemi est un petit garçon en santé et plein d’énergie. La gratitude de Mila envers l’équipe du CHEO va au-delà des mots : elle organise des collectes de fonds annuelles pour le CHEO et fait don des profits de son entreprise - Colour Me Christmas- à des hôpitaux pédiatriques. Elle a également écrit un livre - Dr. Santa & The Miracle Makers- au sujet d’un petit garçon qui se retrouve à l’hôpital pendant la période des Fêtes. En plus d’une foule de personnages des Fêtes, le livre présente les professionnels de la santé de l’USIP et souligne leur dévouement et leur compassion.
150 000 doses de prévention
L’élargissement du programme de prévention du VRS de l’Ontario et l’introduction du nouvel anticorps monoclonal Beyfortus® permettent d’espérer que moins de familles seront confrontées au traumatisme vécu par la famille de Yemi. Il a été démontré que le Beyfortus® réduit de 81 à 83 % les admissions à l’hôpital liées au VRS et qu’il entraîne une réduction de 80 % des infections respiratoires à VRS suivies médicalement chez les nourrissons en bonne santé (selon le Guide des vaccinations du gouvernement du Canada).
Le Dr Charles Hui, président du groupe consultatif sur le VRS du ministère de la Santé, déclare : « La saison dernière, 2 619 nourrissons ont reçu du palivizumab (Synagis) dans le cadre du programme de nouveau-nés à risque élevé. Cette année, l’initiative universelle élargie vise à administrer 150 000 doses de Beyfortus® aux nourrissons de toute la province ».
Pour protéger tous les nourrissons, en particulier ceux qui présentent un risque élevé comme Yemi, la collaboration est essentielle. Les prestataires de soins de santé, les parents, les soignants, les chercheurs et les communautés doivent travailler ensemble, depuis le partage de l’information et l’administration des doses jusqu’à la collecte et la communication des données. Il faut un village non seulement pour élever un enfant, mais aussi pour le protéger.