De nouvelles recherches sur l’alpha-foetoprotéine ont d’importantes implications cliniques
Une question importante
Des chercheurs ont récemment utilisé les données du BORN pour mener une vaste étude de cohorte rétrospective afin de répondre à une question importante. Est-ce que des niveaux élevés d’alpha-fœtoprotéine (AFP) dans le sang d’une femme enceinte - prélevé dans le cadre du dépistage amélioré du premier trimestre - sont liés à des problèmes placentaires tels que la pré-éclampsie grave, le retard de croissance fœtale et la mortinatalité ? Dans l’affirmative, les cliniciens doivent surveiller ces patientes de plus près. Dans le cas contraire, une surveillance supplémentaire n’est pas nécessaire.
Les études précédentes explorant cette question étaient plus petites, n’incluaient pas de groupes de contrôle positifs et ont donné des résultats contradictoires. L’un des points forts de cette étude basée sur la population est la taille importante de l’échantillon (importante pour prédire des résultats peu communs tels que la naissance prématurée due à des complications placentaires). Elle a également permis de comparer directement l’association du taux d’AFP du premier trimestre avec des complications liées au placenta à celle des marqueurs sériques traditionnels.
Quels sont les enjeux ?
Lors du dépistage au deuxième trimestre, des niveaux élevés d’AFP sont associés aux complications placentaires décrites ci-dessus, et dans ces cas, les cliniciens doivent surveiller la personne enceinte et le bébé de plus près.
En termes pratiques, cela signifie que les cliniciens peuvent être amenés à demander des échographies supplémentaires, à surveiller plus étroitement la tension artérielle de leur patiente et à recommander un déclenchement du travail avant 40 semaines. Cette surveillance supplémentaire peut avoir des conséquences logistiques, financières et émotionnelles pour la personne enceinte (par exemple, prendre des rendez-vous supplémentaires, s’absenter du travail, s’inquiéter du bien-être du bébé). Une surveillance accrue et des interventions telles que le déclenchement du travail imposent également des coûts supplémentaires au système de santé et des risques potentiels pour la personne enceinte.
Les prestataires de soins ne savent toutefois pas si l’association entre un taux élevé d’AFP et les complications placentaires peut être extrapolée au premier trimestre. Étant donné l’incertitude, de nombreux fournisseurs de soins utilisent la même approche que celle décrite ci-dessus (c.‑à‑d. surveillance prénatale accrue).
Une bonne nouvelle
Les chercheurs ont constaté qu’un taux élevé d’AFP au premier trimestre n’était pas un facteur de risque indépendant pour les complications liées au placenta.
Les résultats sont pertinents pour les obstétriciens, les sages-femmes, les médecins généralistes et les spécialistes de la médecine fœto-maternelle, car ils ont des implications pour la pratique clinique. Les données indiquent ce qui suit :
1. Les personnes enceintes en bonne santé qui présentent un taux élevé d’AFP au premier trimestre ne doivent pas être considérées comme plus à risque de complications placentaires (tant que les autres marqueurs sériques du dépistage amélioré du premier trimestre se situent dans la fourchette normale).
2. Des niveaux élevés d’AFP au premier trimestre ne devraient pas à eux seuls déclencher une surveillance prénatale supplémentaire.
En ce qui concerne les limites, cette étude ne contenait pas d’information sur d’autres facteurs de risque et biomarqueurs de la pré-éclampsie ni sur la prophylaxie à l’aspirine (conçue pour prévenir la pré-éclampsie). Les auteurs notent toutefois que les taux d’utilisation de l’aspirine en Ontario sont actuellement très faibles, même lorsqu’ils sont indiqués.
La grossesse est une période vulnérable, souvent accompagnée de nombreuses préoccupations. Les recommandations de l’étude sont importantes, car elles peuvent éviter une anxiété inutile concernant les complications placentaires et le bien-être du fœtus. Elles pourraient également contribuer à réduire les surveillances materno-fœtales inutiles, ce qui se traduirait par des économies pour le système de santé de l’Ontario.
Pour plus de détails, voir l’article : Maternal First-Trimester Alpha-Fetoprotein and Placenta-Mediated Pregnancy Complications.
Passez le mot
En plus de publier leurs résultats, les chercheurs partagent cette information sur le site Web de Dépistage prénatal Ontario. Le Dr Nir Melamed, responsable de l’étude, indique qu’ils sont également en train de rédiger une mise à jour technique/directive clinique de la SOGC sur ce sujet et qu’ils espèrent la présenter lors de futures conférences de la SOGC.